tout est bien... qui fini mal !

Ou la triste histoire de l’illusoire KdF, avant de se muer en Coccinelle…

 

Les empereurs romains promettaient au peuple « du pain et des jeux » pour qu’il soit plutôt de son côté et avoir les mains libres. En 1938, Adolf Hitler au plus fort de son ascension eut l’idée de capter l’adhésion de la majorité des Allemands en leur permettant de financer par avance l’objet rêvé par beaucoup, à savoir une voiture familiale qu’il avait fait étudier par l’ingénieur Ferdinand Porsche et qui avait été présentée officiellement en 1937.

Le principe était simple : chaque personne désirant acquérir une de ces autos devait remplir durant quatre années des carnets collecteurs de timbres à 5 Reichsmark au rythme d’un timbre par semaine pour un total d’environ 1000 Rm , prix du véhicule avec ou sans options ; bien entendu cette opération à double détente a pris une grande ampleur, bien qu’en réalité seuls les milieux à revenu moyen aient pu y accéder contrairement à l’annonce et la propagande, et donc 350 000 souscripteurs se sont engagés dans l’opération, sachant que les sommes récoltées étaient censées aller à l’association KdF (Kraft durch Freude / la puissance par la joie) qui devait proposer et gérer toutes sortes d’activités à la place de l’Etat.

Mais la réalité fut beaucoup moins idyllique : pour commencer, la construction de l’usine destinée à la  KdF n’ a démarré que courant 1938, et suite aux évènements de fin 1939, les quelques premières 600 autos furent attribuées à la Wehrmacht, puis ce furent les versions militaires (notamment les Kübelwagen – plus ou moins rééditées en civil comme type 181 dans les années 70 -et les amphibies Schwimmwagen), mais le coach originel est passé à la trappe jusqu’à la récupération par les alliés en 1945.

Or pendant ce temps, de nombreux inscrits d’origine avaient continué à remplir leurs carnets dans l’espoir d’une reprise après la fin de la guerre : ils se sentirent évidemment escroqués d’abord parce que le Reichsmark ne valait plus rien et surtout en voyant à partir de 1948 se créer la Société Volkswagen qui fabrique, vend et engrange de bons résultats avec celle qui est devenue la Coccinelle moderne ! et 125000 épargnants frustrés entament une série de procès contre Volkswagen, sans résultat probant, jusqu’à ce qu’en 1961, la Cour fédérale de Karlsruhe close le problème définitivement en appliquant les termes du compromis signé entre les plaignants et VW, soit 100 Mark de dédommagement à chaque plaignant s’il n’achète pas de voiture, soit une remise de 600 Mark en cas d’acquisition d’une Coccinelle neuve (sa valeur étant d’environ 4500 Mark) !

Voilà la triste histoire d’un espoir déçu où, encore une fois, les promesses non tenues tuent le rêve !

Yves Rondet

(crédit particulier au magazine Gazoline et documentation personnelle)

 

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